Le Brexit ébranle vingt
années de paix en Irlande (LE MONDE | 10.04.2018)
Sans le Brexit, la commémoration du vingtième
anniversaire de l’accord de Belfast qui a mis fin à trois décennies de guerre
civile en Irlande du Nord serait probablement passée inaperçue. Après tout,
l’accord de paix signé le 10 avril 1998, jour du Vendredi saint, porte
bien son nom puisque la violence a quasi disparu dans cette province
britannique où plus de 3 600 personnes ont trouvé la mort entre 1969 et 1998,
au point que le taux de criminalité y est aujourd’hui plus faible qu’au
Royaume-Uni.
Négocié sous
les auspices des dirigeants britannique et américain d’alors, Tony Blair et
Bill Clinton, l’accord dit du Vendredi saint a instauré le partage du pouvoir
régional à Belfast entre les protestants, dont la plupart veulent rester dans
le Royaume-Uni (unionistes), et les catholiques, qui s’identifient à la
République d’Irlande (républicains).
Approuvé par
référendum au nord comme au sud, il est le fruit d’un savant compromis :
Dublin a renoncé à revendiquer l’Irlande du Nord tandis que Londres a accepté
qu’un vote populaire puisse dans l’avenir mener à la réunification et donc à la
perte de sa province. L’IRA et les groupes paramilitaires protestants ont été
démantelés des deux côtés.
Mais la
première conséquence concrète de l’accord de 1998, la suppression de la
frontière militarisée qui balafrait l’île, est aujourd’hui menacée par le
Brexit. Le choix de Theresa May de sortir du marché unique européen et de l’union
douanière implique le rétablissement de contrôles douaniers à la frontière
entre les deux Irlandes devenue frontière extérieure de l’UE.
Suggested
translation
Brexit is
shaking up twenty years of peace in Ireland (Le Monde 10 April 2018)
Without
Brexit, noone might have noticed the commemoration of the twentieth anniversary
of the Belfast Agreement, which ended three decades of civil war in Northern
Ireland. After all, the peace agreement signed on the 10th April, 1998, on Good
Friday, deserves its name since violence has practically disappeared in the
British province where more than 3600 people had met their deaths between 1969
and 1998. So much so that even the crime rate is today lower than in the rest
of the United Kingdom.
Negotiated
under the supervision of the US and UK leaders of thetime – Bill Clinton and
Tony Blair – the agreement knownas the Good Friday Agreement set up a regional power-sharing
system in Belfast between the Protestants, most of whom want to remain in the
United Kingdom (unionists) and the Catholics, who identify with the Republic of
Ireland (republicans).
Approved by
a referendum both in the North and the South, the agreement is a clever
compromise : Dublin gave up its claim on Northern Ireland while London
agreed that a popular vote might in the future lead to reunification and thus
to the loss of its province. The IRA and the Protestant paramilitary groups
were dismantled on both sides.
But the
first concrete result of the 1998 agreement, the abolition of the militarized
border which scarred the island, is today under threat from Brexit. Theresa
May’s choice of leaving the European common market and the customs union
implies the setting up of custom barriers again on the border between the two
Irelands, now an exterior limit of the European union.
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