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Marcel
Pagnol, Le Château de ma mère (1976)
Une petite pierre tinta sur la ferrure du volet.
C'était le signal convenu. J'étais déjà tout habillé; j'ouvris lentement la
fenêtre. Un chuchotement monta dans la nuit;
« Tu y es?»
Pour toute réponse, je fis descendre, au bout
d'une ficelle, mon « balluchon ». Puis j'épinglai ma Lettre d'Adieu sur l'oreiller et j'attachai solidement la corde à l'espagnolette. A
travers la cloison, j'envoyai un
baiser à ma mère, et je me laissai glisser jusqu'au sol.
Lili était là, sous un olivier. Je le distinguais
à peine. Il fit un pas en avant, et dit à voix basse : « Allons-y! ».
Il reprit sur l'herbe un sac assez lourd, qu'il
chargea sur son épaule d'un tour de rein.
« C'est des pommes de terre, des carottes et des
pièges, dit-il.
- Moi, j'ai du pain, du sucre, du chocolat et deux
bananes. Marche, nous parlerons plus loin. »
En silence, nous montâmes la côte jusqu'au
Petit-CEiI.
Je respirais avec délices l'air frais de la nuit,
et je pensais, sans la moindre inquiétude, à ma nouvelle vie qui commençait.
Nous prîmes, une fois de plus, le chemin qui
montait vers le Taoumé.
La nuit était calme, mais étroite : pas une
étoile au ciel. J'avais froid.
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