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Il apprit à s’habiller avec goût. Il déménagea et sut choisir
sa maison. Sa fortune ne lui permettait pas d’avoir une demeure somptueuse. La
sienne fut charmante. Sa simplicité semblait voulue.. M. Auportain lui fut
utile en ces circonstances. Il y avait dans cet égoïste vieillard, dans cette
intelligence apparemment desséchée, une grande tendresse inemployée. Ce
célibataire regrettait peut-être de n’avoir pas de fils, de ne laisser derrière
lui ni un héritier ni une œuvre. Il sut faire choisir à Antoine l’objet modeste
du brocanteur qui devient œuvre d’art dans un cadre fait pour lui. Dans la
modestie et la jeunesse de son ameublement il sut inclure un style, une
manière.
Barbara arriva vers cinq heures du soir, avec Lily. On était
en juin. Les fenêtres étaient ouvertes et les oiseaux chantaient. Des alcools
et des liqueurs froidissaient dans des
seaux à glace. Les disques choisis attendaient près du phonographe. Antoine et
Barbara fumaient ensemble avec la tranquillité que donne la perspective d’une
nuit entière à l’écart de toute agitation, ignorés de tous, sans souci, dans la
tiédeur du Printemps.
Ils parlaient peu car Barbara savait bien que son compagnon
lui dirait son amour, parce qu’Antoine attendait le moment de le lui dire. Mais
comment le dire ? Antoine n’était ni beau ni laid. Il ne savait pas
briller. Il lui fallait l’entraînement d’une joyeuse société pour se détendre et
montrer qu’il avait autant d’esprit qu’un autre. Il était naturellement
silencieux, aimant la solitude autant que la compagnie.
Adapted from Le vin est
tiré de Robert Desnos
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