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Thursday, October 02, 2014

L2 Thème : excuses

Désolé: j'ai eu un problème et je suis arrivé avec trente minutes de retard en cours. La moitié des étudiants étaient partis, ce qui est normal. Nous avons traduit la première moitié du texte sur Julien. La semaine prochaine nous finirons le texte sur Julien, et nous commencerons le texte ci dessous :

Paulette Lestafier n’était pas si folle qu’on le disait. Bien sûr qu’elle reconnaissait les jours puisqu’elle n’avait plus que ça à faire désormais. Les compter, les attendre et les oublier. Elle savait très bien que c’était mercredi aujourd’hui… Elle avait mis son manteau, pris son panier et réuni les coupons de réductions. Elle avait même entendu la voiture de la Yvonne au loin … Mais voilà, son chat était devant la porte, il avait faim, et c’est en se penchant pour reposer son bol qu’elle était tombée en se cognant la tête contre la première marche de l’escalier.

Paulette Lestafier tombait souvent, mais c’était son secret. Il ne fallait pas en parler, à personne.

« A personne, tu m’entends ? » se menaçait-elle en silence. « Ni à Yvonne, ni au médecin et encore moins à ton garçon…

Il fallait se relever lentement, attendre que les objets redeviennent normaux, se frictionner avec du Synthol et cacher ces maudits bleus.

Les bleus de Paulette n’étaient jamais bleus. Ils étaient jaunes, verts ou violacés et restaient longtemps sur son corps. Bien trop longtemps. Plusieurs mois quelquefois… c’était difficile de les cacher. Les bonnes gens lui demandaient pourquoi elle s’habillait toujours comme en plein hiver, pourquoi elle portait des bas et ne quittait jamais son gilet.

Le petit, surtout, la tourmentait avec ça :
-      Alors, Mémé ? C’est quoi ce travail ? Enlève-moi tout ce bazar, tu vas crever de chaud !

Non, Paulette Lestafier n’était pas folle du tout. Elle savait que ses bleus énormes qui ne partaient jamais allaient lui causer bien des ennuis un jour…

Elle savait comment finissent les vieilles femmes inutiles comme elle. Celles qui laissaient venir le chiendent dans leur potager et se tiennent aux meubles pour ne pas tomber. Les vieilles qui n’arrivent pas à passer un fil dans le chas d’une aiguille, et ne se souviennent même plus comment on monte le son du poste. Celles qui essayaient tous les boutons de la télécommande et finissent par débrancher l’appareil en pleurant de rage.
Des larmes minuscules et amères.
La tête dans les mains devant une télé morte.


Extrait de Ensemble, c’est tout

Anna GAVALDA


Il est indispensable de traduir etrès soigneusement le texte avant le cours. Il est impossible d'apprendre à traduire en regardant traduire les autres.

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