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Friday, March 08, 2013



Veuillez trouver ci-dessous la motion adoptée hier par les enseignants
du département de langues de l'Université du Littoral-Côte d'Opale :

Les enseignants du département de langues de l'Université du
Littoral-Côte d'Opale, réunis en AG le jeudi 7 mars 2013, s'associent
au mouvement national de protestation contre les réformes de
l'enseignement supérieur et de la formation des enseignants que le
Gouvernement est sur le point de faire voter : loin de corriger les
effets néfastes des réformes imposées par le gouvernement précédent,
ces nouvelles réformes vont au contraire les amplifier. Sous prétexte
de "rétablir la collégialité et la démocratie", l'actuel projet de loi
sur l'Enseignement supérieur et la recherche (ESR) va tout simplement
élargir le fossé existant entre les personnels enseignants et
administratifs d'une part et les instances de décision d'autre part.
Le remplacement possible des conseils élus par un "conseil académique"
en est un exemple.
La concentration des moyens humains, financiers et comptables mise en
place, au nom de la rationalité économique, par le passage aux
Responsabilités et compétences élargies (RCE) et la Révision générale
des politiques publiques (RGPP) va se poursuivre à une plus grande
échelle, mettant les prises de décisions totalement hors de portée des
acteurs de l'Université. Ce sera alors la porte ouverte à un
arraisonnement de la formation et de la recherche universitaires aux
intérêts privés et aux lois du marché, à la standardisation des
contenus d'enseignement et à la remise en cause radicale des principes
humanistes et émancipateurs de l'université. Le destin de celle-ci
sera dans les mains de quelques dirigeants managers dont le nombre
restreint permettra une gestion politique directe de l'enseignement
supérieur et de la recherche par les cabinets ministériels, eux-mêmes
imprégnés des principes du management d'entreprise.
Élément le plus visible de ce projet de réforme, les nouvelles
Licences Pluridisciplinaires, censées combattre le taux d'échec massif
en première année de Licence, ne feront en réalité, faute de moyens
supplémentaires, que consacrer, à des fins purement démagogiques, une
minoration des enseignements disciplinaires, avec les conséquences
qu'on imagine pour l'avenir professionnel des étudiants.
Le nouveau concours d'enseignement prévu dans les textes ministériels
ne laisse, quant à lui, qu'une place très réduite aux savoirs des
disciplines de spécialité. Or, une formation professionnelle de
qualité ne peut pas reposer sur une maîtrise des savoirs diminuée, la
didactique n'ayant pas de sens sans ancrage disciplinaire. Le projet
de réforme entérine par ailleurs la mise en concurrence directe des
reçus au concours et des "reçus-collés" seulement titulaires d'un
master d'enseignement et de ce fait sciemment précarisés, situation
ubuesque qui justifiera à plus ou moins long terme la suppression pure
et simple des concours.
Tout porte à croire que la réforme de la formation des enseignants
(FDE) est sous-tendue par la même logique que la réforme de l'ESR :
diminuer l'ancrage disciplinaire permettra, outre des économies
d'échelle immédiates, de former non plus des enseignants, mais des
agents d'enseignement, d'autant plus enclins à se soumettre aux
directives ministérielles, au formatage idéologique et aux injonctions
du secteur privé. Nous rappelons que toute réforme de la FDE, imposée
sans concertation et s'appuyant sur le mépris de l'exigence
intellectuelle et de la liberté pédagogique, éléments non négociables
de l'école républicaine, ne peut conduire qu'à une négation du bien
commun et de l'intérêt général.

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