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Wednesday, February 04, 2009

Un argumentaire à l'intention de nos étudiants

Sur la réforme de la formation et des concours des enseignants des 1er et 2nd degrés

Le projet de masterisation du concours de recrutement des enseignants du premier et du second degré qui a été présenté le 13 octobre 2008 est censé améliorer la formation des enseignants et revaloriser leur niveau de qualification. Or la quasi-totalité des UFR dans toutes les universités s'est élevée contre ce texte et refuse de l'appliquer. Pourquoi ?

1. Les enseignants de l'école primaire, du collège, et du lycée, suivent déjà au moins 5 années d'étude et de formation avant d'être titularisés, comme pour un master.

2. Cette réforme conduit à la précarisation du métier d'enseignant en créant un vivier de diplômés d'un master enseignement et recalés au concours (les reçus-collés). Ces personnes pourront être employées par les chefs d'établissement sans statut de fonctionnaire pour des remplacements, des vacations, etc. comme le prévoient les réformes en cours dans le secondaire.

3. Les futurs enseignants potentiels devront attendre une année de plus avant d'être payés, puisque l'année de stage rémunérée à plein temps (216 heures en responsabilité pour un salaire annuel d'environ 15 000 euros) disparaît, ce qui accroîtra inévitablement les inégalités sociales.

4. A la place, la réforme prévoit entre l'écrit et l'oral du concours, 108 heures de stage en pleine responsabilité pour une « gratification » de 3000 euros.

5. Autre conséquence : ce stage fournit au Ministère de l'Education Nationale une main d'oeuvre quasiment gratuite et inexpérimentée en lieu et place de fonctionnaires stagiaires bénéficiant du statut et du salaire des professeurs de l'enseignement secondaire. Ceci fragilisera la qualité de l'enseignement secondaire. Par ailleurs, l'utilisation d'une main d'oeuvre quasiment gratuite conduira à une baisse du nombre de postes au concours.

6. Le calendrier du nouveau concours (épreuve d'admissibilité en janvier et d'admission en juin de l'année du M2) est intenable : entre janvier et juin, les étudiants doivent à la fois préparer l'oral du concours, effectuer 108 heures de stage devant une classe, et élaborer un mémoire de niveau M2.

7. Le contenu disciplinaire des concours est dramatiquement revu à la baisse. La deuxième épreuve d'oral est remplacée par une épreuve portant sur « la connaissance du système éducatif », épreuve pour le moins floue qui compte pour 30% de la note finale !

8. Cette réforme s'inscrit dans une politique d'affaiblissement structurel de l'enseignement et de la recherche, doublée d'une politique de précarisation des personnels de toutes catégories.

Sur le projet de décret modifiant le statut des enseignants chercheurs
Ce décret modifie le statut des enseignants-chercheurs des universités. Le travail d'un enseignant-chercheur comprend deux tâches essentielles d'égale importance : l'enseignement (192h de cours en présence des étudiants auxquelles il faut rajouter la préparation des cours, des examens, la correction des copies, le suivi individuel des étudiants, etc.) et la recherche. A cela s'ajoutent les diverses tâches administratives liées à l'enseignement (définition des programmes, des emplois du temps, jurys d'examen, coordination des équipes) et à la recherche (gestion des divers budgets, rapports, colloques, etc.).

Le projet de décret entend en finir avec cet équilibre, au détriment des enseignants et des étudiants.

En effet, le président d'université modulera quasiment à sa guise la charge d'enseignement des enseignants-chercheurs en fonction de son appréciation de leur travail de recherche. Enseigner deviendra alors une sorte de punition pour les « mauvais » chercheurs : les « moins bons » enseigneront plus, les « meilleurs » enseigneront moins. Cette pression conduira les enseignants-chercheurs à négliger leur mission d'enseignement au profit d'une recherche où la quantité primera sur la qualité. Avec ce projet, les étudiants sont considérés comme les boulets de la recherche française et non plus comme l'une des priorités de l'université.
Les projets de réforme de la formation et des concours des enseignants du premier et second degré et du projet de décret régissant le statut des enseignants-chercheurs dénotent donc d'un mépris profond pour nos missions et pour les étudiants !

Etudiants, ce combat pour la défense de l'enseignement public est aussi le vôtre !
Préparons ensemble la manifestation nationale du 10 février.

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